Offensive n°33

Offensive n°33, mars 2012

Sommaire

– La cage et le marché. Notes sur la récente réforme de la psychiatrie
– Le masculinisme, une arme de guerre contre les femmes
– Mayotte, ou le vrai visage de la République coloniale
– Le manifeste d’une nouvelle école de la pensée sociale
– Féministes !
– Le mouvement du 15-M en Espagne
– Histoire populaire des sciences
– La conquête du pain, une boulangerie bio autogérée
– Livres, Musique , Arts vivants, Cinéma

Dossier « Art, la fabrique du social »

L’art fabrique du social en peuplant nos vies de choses à sentir et penser en commun ; il bâtit les identités (quitte à s’en jouer), façonne les cultures, construit le collectif. Mais s’il produit du social, il est lui-même un « produit social » en ceci qu’il est déterminé par les idéologies dominantes, les institutions qui régulent sa pratique, et les formes d’économie dans lesquelles il s’insère. En outre, la pluralité de ses auteurs comme de ses publics (qui ne sont pas toujours les mêmes) se traduit aujourd’hui par une multiplicité des pratiques et des champs artistiques : l’art dit « contemporain », les arts vivants, mais aussi les arts populaires, les arts appliqués ou décoratifs, l’art amateur, etc. C’est à un état des lieux de cette situation polymorphe qu’il faut se livrer aujourd’hui si l’on veut porter sur l’art un regard à la fois sensible et politique.

L’attitude récurrente des mouvements révolutionnaires, convergeant en cela avec les avant-gardes artistiques du XXe siècle, a été de contester non seulement le monopole de la bourgeoisie et des classes privilégiées sur l’art, ainsi que l’émergence d’un art contemporain d’État via les subventions publiques et les aides à la culture, mais aussi les séparations maintenues entre l’art et la vie quotidienne, les artistes et les gens ordinaires. Toutefois cette critique
a peut-être rencontré ses limites aujourd’hui, et tout en reconnaissant la validité persistante de certains de ses arguments, il est nécessaire d’examiner les points sur lesquels elle est devenue caduque, ou les angles morts qu’elle a laissé subsister. Quand la volonté d’être politique ne laisse à l’art que l’alternative entre une posture impuissante de dénonciation et le narcissisme de celle qui prétend faire de sa vie une œuvre d’art ; quand le règne d’Internet et des nouveaux médias est aussi celui des pratiques artistiques dites « amateur »
ou « populaires », qui se bornent à mimer les gimmicks et les stéréotypes de la culture de masse ; quand les contestations du régime étatique de financement des arts accompagnent leur libéralisation concrète : il nous faut affiner nos analyses, mettre à jour notre critique.

Marchandisation, domination masculine, fétichisme des nouvelles technologies… : finalement, l’art apparaît aujourd’hui comme cerné de toutes parts. C’est notre capacité de ressentir, d’imaginer un autre ordre du monde et d’intervenir dans le réel pour le faire advenir, qui est menacée. Que l’art comme espace de domination puisse encore être repolitisé et transformé en champ d’expérimentation et de bataille sociale, c’est ce qu’il faut espérer et ce à quoi il faut œuvrer.

– Quel art pour quelle société  ?
– L’art du marché
– L’art contemporain en proie aux nouvelles technologies
– Un espace de domination masculine
– Quand l’art est le faire-valoir de l’État
– À la recherche d’un art social
– Art et/ou politique
– Sculpture, l’art des solitudes peuplées
– L’art comme résistance à l’art
– Cinéma, la révolution argentique
– À voix hautes, paroles de femmes
– L’improvisation, une pratique libertaire
– Contre le design, retrouvons les arts du faire
– L’art dans quel sens ?

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[Numérisation réalisée grâce au CRAS de Toulouse]

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