Offensive n°28

Offensive n°28, décembre 2010

Sommaire

– Les ravages de la gentrification. La Villeneuve, de l’utopie à la violence urbaine
– Un travail social plus précaire que jamais
– Des sons qui adoucissent les mœurs. L’usage du son comme arme
– L’institution « manif »
– Défends-toit -, un collectif de lutte en Isère
– La Russie fasciste
– Le droit de s’évader, entretien avec Hafed Benotman
– Sortir du supermarché : s’organiser face à la grande distribution
– Livres, Musique, Arts vivants, Cinéma

Dossier « Avant la révolution. Révoltes populaires de l’an mil à 1789 »

1789, 1870, 1936 ou encore 1968 : les références des militants révolutionnaires d’aujourd’hui se figent autour de quelques grandes dates qui prennent parfois la forme de mythes. Au-delà de l’invocation aux jacqueries paysannes, citer une révolte d’avant la Révolution Française relève de l’exploit tant nous sommes inféodé-e-s aux formes dominantes de dire l’histoire. Surgissant de nulle part, 1789 serait le résultat surprenant du simple refus de l’absolutisme des rois Bourbons, ou alors des réflexions averties de philosophes des Lumières. Des penseurs qui, pour mieux nous éclairer, ont jeté un voile obscur sur le Moyen Âge, qui fait qu’aujourd’hui encore nous en conservons l’image d’une période de soumission totale. Pourtant, de l’an mil jusqu’au XVIIIe siècle, des traces de luttes contre le pouvoir, les injustices et les inégalités, permettent de peindre un autre tableau des périodes médiévale et pré-révolutionnaire.

Ce passé a été refoulé par ceux et celles qui dressent les grandes fresques de l’Histoire, préférant livrer un récit qui sert de ferments à la Nation au-delà des différences sociales. Il est plus commode en effet de raconter les successions des rois et des reines ou les exploits militaires contre nos « horribles voisins » que de mettre en avant les résistances aux dominations qui jalonnent toutes les époques.

Qui plus est, si la Révolution française offre un cadre politique qui nous est proche (notamment le rapport Gauche-Droite), les révoltes antérieures s’éloignent de ce schéma. Les marxistes ne retrouvent pas forcément dans les jacqueries le moteur de l’histoire qu’est la lutte des classes. Les anarchistes sont gênés aux entournures par les mouvements millénaristes qui demandent l’abolition de la propriété privée mais sur fond de grands élans religieux.

L’écueil que nous avons voulu éviter est bien celui-ci, qui nous aurait conduit à faire de ces mouvements des exemples à suivre. Mais cela ne nous a pas interdit de partir sur les traces des insurgé-e-s : celles des millénaristes révolutionnaires luttant à partir du XIIIe siècle contre tous les éléments discordants s’opposant à la réalisation du paradis sur Terre ; des paysan-ne-s se battant pour l’autonomie des villes au Moyen Âge ; des bêcheux-ses voulant mettre à bas la féodalité anglaise en 1649 ; des ouvrier-e-s résistant aux premières mesures libérales dès le XVIIIe siècle… Ce dossier s’attache donc à renouer avec les pratiques d’une élaboration d’une histoire populaire afin de plonger nos racines révolutionnaires au-delà de la Grande Révolution de 1789.

– Un Moyen Âge rebelle
– L’autonomie montagnarde
– Frères du libre-esprit
– Bref éloge et petite critique des mouvements millénaristes
– L’union fait la France. Histoires dissidentes en Bretagne et ailleurs
– Les sorcières. Figures de résistance à un changement de société
– « Gloire ici-bas, tous bêcheux ! »
– La révolution sans le progrès
– Ouvriers et paysans contre l’économie de marché. Les premières résistances au libéralisme
– Vaucanson ou le prototype de l’ingénieur

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